wrovember-17-nov-2023

Consigne

Type : Animal POV
Contrainte 1 : 1000 mots maxi
Contrainte 2 : pas de contrainte 2

Texte

Le bruissement des feuilles réveilla son attention.
Il s’était assoupi sous les racines de cet arbre gigantesque depuis un certain moment déjà et l’obscurité était tombée tout autour de lui.
Réveillé par un terrifiant vacarme au creux de son précédent sommeil, il avait été contraint de quitter son abri pour fuir le danger. Les premiers instants de son réveil avait été de constater la présence d’une colossale machine déchiquetant son gîte dans un bruit assourdissant, et faisant pleuvoir sur son corps et sa tête des monceaux entiers des branches et feuillages qui le composaient.

Rassemblant tout son courage, il avait couru tête baissée par l’unique issue possible en quête d’une nouvelle cachette. Haletant et désespéré, très rapidement il s’était retrouvé dans un vaste désert de terre et d’herbe ras ne lui offrant pas le moindre refuge à portée de sa courte vision. Le Soleil frappait fort, il faisait excessivement chaud et la luminosité brouillait encore plus le peu qu’il arrivait à apercevoir autour de lui. Sans autres options, il courut, alors que le bruit de la machine s’étouffait peu à peu à mesure qu’il s’en éloignait.

Enfin, il trouva un autre buisson. Il inspecta rapidement les lieux et ne sentit pas d’odeur particulièrement menaçante et s’engouffra dans cet abri de fortune. Il jeta néanmoins un coup d’œil derrière lui pour espérer apercevoir son nid douillet, mais ne pu que voir un amoncellement flou de végétation là où il était certain d’avoir passé toutes ses dernières nuits.

Bien caché au centre de son abri, il s’enroula sur lui-même afin de s’assurer de sa sécurité. Prudemment, il garda la tête sortie afin de pouvoir flairer toute présence autour de lui et ses oreilles restèrent aux aguets.

De longues minutes passèrent, pendant lesquelles une soupe de bruits diffus et plus ou moins lointains emplirent sa capacité d’écoute, mais rien ne semblait approcher. Lentement, il commença à se détendre à nouveau. Le danger semblait écarté et rien ne le guettait à présent. Néanmoins, il était hors de question de s’assoupir à nouveau dans ce milieu inconnu et hostile.

Il se remit sur ses pattes, passa la tête par la sortie et inspecta à nouveau les environs. Odorat, ouïe, il fait appel au meilleur de ses sens pour identifier la meilleure route à prendre, puis se décida à l’emprunter.

Il courait toujours, à faible vitesse pour ne pas s’épuiser, mais suffisamment rapidement pour quitter ce désert où tous les dangers du monde pouvaient lui tomber sur le coin de la tête. Sa course folle dura de longues minutes avant qu’il ne se retrouva à l’abri d’un arbre, à l’ombre et loin du tumulte. Identifiant une ramification de racines suffisamment dense et cachée, il se mit en quête d’une quantité suffisante de feuilles tombées et les ramena dans son énième cachette. Il les amassa en tas et s’en fit un petit nid temporaire dans lequel il parvint de nouveau à s’assoupir.

Il ne fut pas dérangé jusqu’alors et pu terminer sa nuit agitée. Mais avec le crépuscule naissant, sa journée commençait, et sa cavalcade lui avait terriblement donné faim.

Prestement, il bondit en avant en direction du bruit, se servit de ses griffes pour dégager les feuilles et son nez s’emplit cette fois-ci d’une délicieuse odeur dont la source se retrouva très rapidement prisonnière de ses dents. La sensation était agréable, surtout après une nuit si compliquée. La destruction de son foyer, sa course pour sa survie, l’incertitude de son avenir semblaient s’effacer progressivement à mesure qu’il consommait son repas et que ses papilles se réjouissaient de ce mets délicat.

Il se délecta un instant de son premier repas et s’accorda une légère pause pour analyser son environnement. Il connaissait des endroits plus hospitaliers qu’il avait déjà visité, mais il devait se rappeler de la trace.

Avec approximation, il se remit en route, tâchant de faire le moins de bruit possible et en essayant de rester sous le couvert des maigres végétations qu’il croisait sous sa route.

La piste odorante arriva sur un amoncellement de pierre, comme une grande tour qui le dominait largement, bien plus haute que ce qu’il n’arrivait à voir de sa petite taille. Il entreprit d’en faire le tour afin de poursuivre sa route, mais se heurta rapidement à un maillage de branchages étranges, entremêlés de sorte à ce qu’il ne puisse pas passer. Il tenta d’y trouver une faille, mais il connaissait bien l’endroit et savait pertinemment que ce drôle d’assemblage n’était pas franchissable. Une fois, il avait tenté de creuser pour passer au-dessous, mais il n’avait jamais réussi à creuser suffisamment profondément pour le franchir de cette façon.

Il tenta de passer de l’autre côté de la tour mais y trouva le même obstacle et se résigna donc à le longer, espérant y trouver une faille, frustré par l’odeur de sa piste qui partait résolument au travers et s’en éloignait.

Pendant des heures, il trottina à ses côtés. S’arrêtant régulièrement à l’aune de bonnes odeurs de repas avant de reprendre sa route. L’inespéré arriva, et alors qu’il commençait à perdre espoir tandis que les premiers rayons de Soleil commençaient à poindre à l’horizon, ces étranges branchages présentèrent une faiblesse dont il pu profiter pour traverser. Enfin de l’autre côté, il partit perpendiculairement pour retrouver son chemin initial.

Au bout de quelques mètres, le doux contact de la terre et de l’herbe quitta ses pattes et il sentit quelque chose de différent. Une surface non pas dure comme la pierre, mais rugueuse, légèrement friable et rebondissante. Il connaissait bien cette surface, il l’avait déjà rencontrée à plusieurs reprises et son souvenir était gravé dans sa mémoire.

Il eut un mouvement de recul, hésitant, mais il n’avait pas le choix. Il devait traverser. Il se souvint de sa fuite lors de sa dernière nuit et la manière dont il avait refusé à la machine sa violente agression. Il n’allait pas se laisser impressionner une nouvelle fois par les terribles sévices de son environnement.

Il partit tel une fusée, à tel point que ses pattes ripèrent légèrement sur la terre et il bondit sur la surface sombre et porteuse de mauvais augures. Puisant dans toutes ses forces, bien aidé par les délicieux repas dont il s’était repus tout le long de sa route, ses enjambées le firent aller à une vitesse qu’il n’avait jamais atteinte. S’il n’avait pas si peur, l’expérience l’aurait probablement fait sourire, voire rire. Il semblait flotter au-dessus du sol tant ses pattes le propulsaient rapidement et le vent qui fouettait son visage lui offrait une sensation qu’il ne ressentait pas souvent.

Malgré tout, le sol se mit à vibrer en-dessous de lui, et l’angoisse reprit le dessus sur l’excitation. Ce danger, il le connaissait bien, et il était de retour. Son rythme ralentissait à mesure qu’il s’épuisait, mais il tenta le tout pour le tout et puisa dans ses dernières réserves d’énergie.

Enfin, il vit de nouveau la rassurante couleur de la végétation. Il se jeta dedans, se roula en boule juste au moment où un nouveau vacarme traumatisant emplit l’espace et satura ses tympans. Le son disparu aussi vite qu’il n’était apparu et le sol s’arrêta de trembler.

Il mit de longues minutes avant d’oser sortir sa tête enfouie au creux de ses bras, mais l’extérieur était de plus en plus éclairé et de nouveaux dangers ne tarderaient pas à apparaître. Il se remit en route, et au bout d’un long chemin arriva enfin dans l’endroit qu’il recherchait depuis le début de sa journée.

Un endroit dense et labyrinthique, où l’herbe était haute, la végétation colorée et variée, où commençait à croiser de nombreuses bestioles volantes et marcher de nombreuses autres rampantes.

A l’occasion d’un buisson semblant être sûr, il se hâta de rassembler de nouveau quelques feuilles pour en tapisser l’intérieur et se roula douillettement à l’intérieur. Un sourire au coin des lèvres, il écouta les bruits se dissiper autour de lui, heureux d’avoir survécu à cette nouvelle journée et sombra dans un nouveau sommeil qui devrait, pour un moment tout du moins, le préserver de tous les dangers.